Archithema: Points d’attache

Adrian Kast (AK): Tout dépend de la situation. On ne peut surélever que là où il y a des réserves au niveau de la hauteur du bâtiment. L’aménagement d’un toit est un moyen simple d’obtenir une utilisation supplémentaire. C’est aussi généralement l’option la plus économique. Pour une extension, il faut qu’il y ait encore de la place sur la parcelle. Cela dépend de la réserve d’utilisation – c’est-à-dire de la quantité de terrain que l’on peut encore construire – ainsi que des distances à la limite, la distance minimale entre le bâtiment et la limite du terrain.

Thomas Kaeppeli (TK): L’avantage de l’aménagement des combles est que l’on peut agrandir le volume sans que cela ne se voie de l’extérieur. Notamment s’il s’agit d’un objet protégé en raison de son intérêt pour le patrimoine, auquel on ne souhaite pas ajouter une extension ou une surélévation par exemple. Cependant, il est parfois difficile d’éclairer l’espace sous les toits. La plupart du temps, on a besoin de lucarnes ou de velux, ce qui peut aussi poser problème selon l’objet protégé.

TK: Elle peut effectivement avoir une incidence. On ne ferait pas de surélévation pour agrandir le salon, par exemple, sauf peut-être si l’on y a une vue imprenable. Mais sinon, on essaierait d’agrandir le salon. Une pièce orientée au sud n’est peut-être pas l’emplacement idéal pour une chambre à coucher, on y verrait plutôt un salon. L’accès dans l’ancienne maison a également une influence si l’on doit se raccorder à un foyer ou à un couloir, ou si l’on souhaite la subdiviser de nouveau plus tard, lorsque les enfants voudront déménager.

AK: Et aussi s’il y a beaucoup d’étages à monter en cas de surélévation. Est-ce qu’on en est encore capable quand on est âgé? On réfléchit toujours à la manière dont on peut utiliser la maison à long terme. Ces considérations plaident plutôt en faveur des annexes. Le lien avec le jardin est également un point à considérer.

AK: C’est une question de terrain et des distances limitrophes. Cela dépend aussi de la structure même du bâtiment. Comment est l’accès? Est-ce que l’on agrandit du côté de l’accès? Si l’on ne veut pas modifier l’accès, on agrandira plutôt du côté du jardin afin de le valoriser. Tout très spécifique aux structures, en fonction de la situation, de la taille de la parcelle et de la maison elle-même. Dans notre cas, c’était également une question de préservation du patrimoine: Comment ajouter une extension sans enlever au bâtiment la prestance qu’il avait auparavant? Dans le cas d’une maison classée monument historique, on ne peut construire sur la façade principale ou frontale.

TK: L’espace extérieur est également important. On ne ferme pas un beau jardin, mais on choisit un endroit où l’espace extérieur est moins valorisé. Il en a été de même dans la Jurastrasse: nous avons construit l’annexe à l’arrière, où l’espace était toujours humide, sombre et inutilisable, afin de continuer à profiter du jardin à l’avant, du côté de l’Aar.

TK: Indice d’utilisation du sol, nombre d’étages, distances limitrophes, exigences en matière d’affectation. En effet, pour tout changement d’affectation, il faut aussi modifier le plan de zone. Si les distances limitrophes sont trop contraignantes, il est possible de trouver un accord avec les voisins et de convenir d’un droit de construction plus rapprochée réciproque et de construire jusqu’à la limite. Selon l’ampleur du projet, le service d’urbanisme peut jouer un rôle déterminant pour évaluer la manière dont le projet s’intègre au contexte.

AK: Et le service des monuments historiques dans le cas d’une maison protégée ou qui mérite d’être conservée. Nous prenons toujours contact très tôt avec tous les services. Les prescriptions sont réglées au niveau cantonal et diffèrent d’un lieu à l’autre.

AK: Oui. Toujours, dès que l’on modifie le volume ou une affectation.

TK: Il faut toujours une autorisation si l’on modifie quelque chose à l’extérieur de la maison, par exemple les fenêtres, le balcon, la forme du toit, et dans certaines régions, même si l’on change les couleurs. Si l’on supprime un mur à l’intérieur, cela n’a aucune importance, sauf si l’on modifie le nombre d’unités sanitaires. Cela a une influence sur les futures taxes.

TK: Oui, les mêmes exigences s’appliquent.

TK: Si l’on ne modifie pas la construction de l’ancien bâtiment, on ne doit rien y faire, même pas sur le plan énergétique. Mais dès que l’on procède à des travaux, il faut mettre l’ancienne bâtisse aux nouvelles normes.

AK: Si l’on rénove les fenêtres, celles-ci doivent être conformes à la loi actuelle sur l’énergie. Il en va de même pour chaque élément de construction. Si l’on modifie un mur extérieur, on doit l’isoler conformément à la loi sur l’énergie.

TK: En tout cas, la Confédération et les cantons l’encouragent fortement. Il existe par exemple le Programme Bâtiments: on reçoit des subventions pour réaliser les améliorations énergétiques, même pour des mesures isolées. Cela peut être tout à fait intéressant pour les maîtres d’ouvrage privés.

TK: Si la substance a de la valeur, il est possible de faire des demandes en vue d’une dérogation afin d’avoir moins à entreprendre en termes d’énergie. Pour nous, il est fondamentalement important de conserver le caractère de la maison. C’est pourquoi nous renonçons parfois à améliorer les murs, justement pour préserver l’ancienne façade ou un beau lambris. Avec de bonnes fenêtres, une isolation du plafond de la cave et du toit ainsi qu’avec une production de chaleur durable, il est tout de même possible de respecter les normes.

AK: Oui, on pourrait en faire quelque chose de nouveau. Dans de tels cas, on a peut-être aussi moins de considération pour le bâtiment lui-même quand il s’agit de l’isoler et de refaire toute son enveloppe. Et avec une extension, on pourrait alors lui donner un nouveau caractère. Mais pour les maisons dont nous souhaitons préserver le cachet et l’ancienne architecture, nous procédons avec égard et cherchons des solutions pour les intégrer. Il est important pour nous que l’extension ne soit pas simplement une nouvelle construction indépendante à côté de l’ancien bâtiment.

TK: L’extension doit s’intégrer au contexte général, qu’il s’agisse du contexte du lieu ou du contexte de la maison. Nous développons le projet à partir de ce que nous trouvons. Et bien sûr, en fonction des besoins du maître d’ouvrage.

AK: Ce qu’il y a de formidable dans l’architecture, c’est que l’on a un point d’attache – un lieu, une structure intéressante, un caractère – et que l’on peut s’appuyer dessus, consolider ou continuer de développer ce qui a été commencé par le passé. C’est passionnant.