Classe d'actifs du mois: Obligations

Conflit commercial, conjoncture faiblissante, prévisions d'inflation en baisse, et des banques centrales en attente – autant de facteurs propices à des rendements obligataires en baisse. Le revirement des taux, tant attendu par de nombreuses personnes, devrait se faire attendre encore longtemps.

Les rendements obligataires devraient rester faibles

Le conflit commercial entre les USA et la Chine laisse, lui aussi, des traces sur les marchés obligataires. Les taux sont mondialement en chute libre depuis des semaines. Les rendements pour les US Treasuries à 10 ans ont baissé d'un point de pourcentage à 2,2 % lors de l'annonce de la deuxième étape dans l'escalade avec la Chine. Les Bund allemandes à long terme ont vu leur rendement s'effondrer, en raison de la recherche de sécurité, atteignant un niveau inférieur à celui des emprunts d'Etat japonais. Et même les obligations de la Confédération se rapprochent de leur plancher historique de l'été 2016.

Rendements des obligations d’Etat à 10 ans

Sources: Bloomberg, CIO Office Raiffeisen Suisse

La Fed examine sa stratégie de politique monétaire

Mais la situation des taux bas s'explique également par d'autres facteurs. Ainsi, les indicateurs économiques avancés ont continué de s'affaiblir ces derniers mois. L'indice global des directeurs d'achat, un important baromètre de l'état de santé de l'économie mondiale, est tout juste au-dessus de son niveau expansionniste. Par ailleurs, les prévisions d'inflation formulées par les acteurs du marché sont également en baisse. Les banques centrales se voient de plus en plus confrontées à un mystère: d'un côté des marchés de travail tendus, de l'autre, une pression salariale toujours plus visible. Il ne surprend donc pas que la Fed examine en coulisses sa stratégie de politique monétaire par rapport à l'objectif d’inflation. Pour le moment, ses membres jugent la faible inflation encore «provisoire», sans pour autant écarter l'hypothèse d’autres hausses des taux. Pour autant, les «pigeons» au sein de la Fed l'emportent en fin de compte sur les «faucons», de plus en plus confinés dans leur coin. La même situation est perceptible dans les banques centrales du monde entier. La dernière à avoir jeté l'éponge face à une inflation très faible a été la Reserve Bank of Australia. Elle devrait baisser ses taux.

Le marché financier table lui aussi sur des nouvelles baisses de taux aux USA dans les 12 prochains mois, en tout cas si l'on se réfère aux prix sur le marché à terme. Mais les marchés n'évoluent que rarement dans un sens et leurs cours semblent avoir intégré un certain degré de pessimisme quant à la future évolution des taux, à nos yeux. Un mouvement contraire, ne fût-ce que temporaire, n'étonnerait personne, bien qu'on ne puisse pas exclure que les rendements finiront encore plus bas, en raison d'une étape supplémentaire dans le conflit commercial. Et la conclusion à long terme est sans appel – malgré un plancher à court terme: les facteurs à l'origine des planchers actuels des taux resteront encore un bon moment. Il est bien plus probable que les rendements oscilleront à long terme dans une large fourchette de négoce que d'assister au revirement tant attendu des taux.

Qu'est-ce qu'on entend fait par pigeons et faucons?

Outre les fameux bulls and bears, symbolisant la hausse ou la baisse des cours d'actions, le langage financier (imagé) connaît deux autres animaux: les pigeons et les faucons. Ils symbolisent une orientation spécifique de la politique monétaire, voire une attitude adoptée par certains banquiers centraux en termes de politique monétaire. En l'occurrence, les pigeons préfèrent une politique plus accommodante, avec des faibles taux d'intérêt, tout en assumant le risque d'une inflation plus élevée en faveur d'une relance de l'économie. En revanche, les faucons accordent plus d'importance à la stabilité des prix, préférant mettre un terme immédiat à l'état d'urgence monétaire, à savoir aux taux nuls et négatifs, plutôt que d'attendre.