«L’innovation est le résultat d’une stratégie claire et d’un travail acharné. Avant d’inventer quelque chose, nous devons avant tout savoir ce que nous voulons. J’appelle cela l’intelligence avant l’innovation», précise Simon Michel, CEO de l’entreprise de technologie médicale Ypsomed. La société de Berthoud, dans le canton de Berne, est passée en 40 ans du statut de petite entreprise à celui de leader mondial dans la fabrication de systèmes d’injection et de perfusion. Et cela n’a pas grand-chose à voir avec la chance, précise tout de suite Simon Michel.
Recherche et développement, une activité préalable risquée
Ypsomed a énormément investi dans la recherche et le développement et continue de le faire. Si les équipes d’innovation font preuve de créativité, le processus sous-jacent est aussi extrêmement clair. Selon Simon Michel, «l’innovation est un processus stratégique. Elle a besoin d’une direction.» Des inventions qui surgissent de nulle part, comme des éclairs de génie, cela n’a pas grand-chose à voir avec la réalité actuelle. Pour une entreprise, la R&D est une activité en amont qui est associée à des coûts importants. «Cela fait partie du jeu», précise Simon Michel, en évoquant les risques qui y sont associés. Et d’ajouter: «Avant d’envoyer notre personnel en mission, nous devons savoir où nous allons. Nous devons toujours penser à demain et à après-demain.»
Des plateformes au lieu de produits uniques
L’innovation donne naissance à des produits, et ces produits doivent avoir du succès. Sur le marché mondial, cela ne passe pas uniquement par la qualité. Le plus important, c’est que les coûts soient appropriés. Dans ce cadre, comment les entreprises industrielles suisses peuvent-elles avoir une chance? «En développant des plateformes au lieu de produits uniques», répond Simon Michel. On peut sans cesse tirer de ces plateformes de nouvelles variantes, bien plus rapidement et à moindre coût que si l’on devait à chaque fois développer un nouveau produit.
Les plateformes produisent des brevets et permettent à Ypsomed de proposer ses produits dans de nombreuses variantes. «Aujourd’hui, nous avons 12 plateformes, dont la moitié connaît un succès incroyable», indique Simon Michel. L’autre moitié des plateformes ne dégage pas de bénéfice et n’a trouvé que peu d’écho sur le marché. «C’est le pari entrepreneurial de toute entreprise qui réussit», explique-t-il. Grâce aux plateformes, Ypsomed est moins chère que ses concurrents, qu’elle a en grande partie évincés du marché. Rien d’étonnant: «Nous avons réduit de six ans à six mois la durée moyenne entre le début du projet et l’entrée sur le marché pour notre clientèle.»