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Le système de formation dual, une success story helvétique

La Suisse dispose d’un système de formation dual unique au monde qui profite à tous: il offre une formation solide et de nombreuses opportunités de carrière aux jeunes, une relève qualifiée aux entreprises, ainsi qu’un faible taux de chômage des jeunes à la société. Quel est le secret de son succès?

25.06.2025

«Dual» signifie «double et réciproque». Dans le contexte de la formation en Suisse, on entend par là un apprentissage professionnel combinant école et formation en entreprise. Les jeunes travaillent donc au sein d’une entreprise formatrice tout en fréquentant une école professionnelle un ou deux jours par semaine (selon la profession et l’année d’apprentissage). Le travail en entreprise est surtout axé sur la pratique, tandis que l’école leur permet d’acquérir des connaissances générales et spécifiques au métier exercé. Par ailleurs, grâce aux cours interentreprises (CI) organisés par les associations professionnelles, ils perfectionnent leurs compétences pratiques de la profession choisie. Les apprenti·e·s bénéficient ainsi d’une formation professionnelle complète.

Des diplômes fédéraux pour tous les niveaux

Souvent, l’apprentissage professionnel dure trois ou quatre ans et permet d’obtenir un certificat fédéral de capacité (CFC). Mais il existe aussi l’apprentissage AFP (anciennement appelé «préapprentissage»), qui dure deux ans et permet de se voir délivrer une attestation fédérale de formation professionnelle (AFP). Grâce à cette formation, les jeunes qui ont plus de peine à l’école ou qui sont d’origine étrangère peuvent eux aussi disposer d’un diplôme reconnu. La plupart d’entre eux effectuent ensuite un apprentissage CFC (souvent d’une durée réduite) qui leur permet de bénéficier de nombreux débouchés.

 

Faire des études grâce à la maturité professionnelle ou à un examen complémentaire

Pendant ou après un apprentissage CFC, les jeunes qui le souhaitent peuvent passer la maturité professionnelle, qui permet d’accéder ensuite à une haute école spécialisée ou – par le biais d’un examen complémentaire, également appelé «passerelle» – à une haute école universitaire (université, EPF) ou pédagogique (HEP). Grâce à ce système de formation unique au monde, les jeunes peuvent décrocher un diplôme de qualité à tous les niveaux, et se perfectionner dans leur métier ou suivre des études supérieures.

Exemple concret: de praticien sur bois à ingénieur civil

Riad a effectué un apprentissage AFP en tant que praticien sur bois, car il n’était alors pas encore assez à l’aise en français pour suivre un apprentissage CFC. Après avoir obtenu son diplôme, il a réalisé un apprentissage raccourci en tant que charpentier CFC. Comme il parle maintenant très bien français et qu’il a de bonnes notes, il a décidé de suivre l’école de maturité professionnelle à l’issue de son apprentissage, afin que toutes les portes lui soient ouvertes.

Et ensuite? Après avoir envisagé de préparer un examen professionnel supérieur ou de fréquenter une école supérieure, il a finalement souhaité devenir ingénieur civil. Après avoir été admis dans une haute école spécialisée sans examen, il a obtenu après six semestres un Bachelor of Science en génie civil. Cet exemple montre qu’en Suisse, même les jeunes qui ne partent pas sur de bonnes bases scolaires peuvent accomplir de grandes choses.

Reconversion, perfectionnement ou études?

Notre système de formation dual doit notamment son succès à sa perméabilité. Il est en effet possible de gravir petit à petit les échelons ou de changer de métier. Cette perméabilité permet à tout le monde d’avoir accès à des perfectionnements et à des hautes écoles spécialisées ou universitaires. Les entreprises qui forment des jeunes profitent quant à elles d’une relève qualifiée. Même s’il n’est pas obligatoire de s’engager en tant qu’entreprise formatrice en Suisse, dans de nombreuses branches, il est de bon ton pour les entreprises d’une certaine taille de former des apprenti·e·s. Dans le secteur de l’artisanat notamment (horticulture, peinture, etc.), des petites entreprises proposent elles aussi des places d’apprentissage.

 

Des métiers plus populaires que d’autres

Pour certaines professions artisanales, il est toutefois de plus en plus difficile de trouver des apprenti·e·s disposant à la fois de la motivation et des capacités nécessaires. En Suisse, 20% des jeunes indiquent en effet vouloir suivre un apprentissage d’employé·e de commerce. Le travail de bureau a le vent en poupe et propose notamment de nombreuses possibilités de perfectionnement ainsi qu’un salaire intéressant. Dans ce contexte, pourquoi «se salir les mains» en devenant maçon, horticultrice-paysagiste ou boucher-charcutier? A cela s’ajoute la «concurrence» de la maturité gymnasiale: le fait que les études universitaires soient considérées comme la voie royale dans la plupart des pays déteint sur la Suisse, où de plus en plus de familles incitent leurs enfants à aller au gymnase. Les personnes expatriées hautement qualifiées, notamment, ne sont généralement pas conscientes des avantages du système de formation suisse.

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