La BNS maintient le taux zéro
Le 25 septembre 2025, la Banque nationale suisse (BNS) a décidé de maintenir son taux directeur à 0,00%. Notre chef économiste, Fredy Hasenmaile, explique les effets de cette décision sur l’économie et répond aux principales questions à ce sujet.
25.09.2025
Aspects généraux et économiques
Pourquoi la BNS n’a-t-elle pas encore abaissé son taux directeur?
Les perspectives conjoncturelles se sont certes assombries pour la Suisse en raison du coup de massue des droits de douane américains, mais elles restent dans le cadre des attentes. Dans l’ensemble, les répercussions macroéconomiques ne sont pas d’une gravité telle que la BNS doive, pour cette seule raison, appliquer des taux négatifs. Soutenue par une conjoncture intérieure toujours robuste, l’économie suisse résiste bien au contexte économique mondial difficile. La BNS a souligné à plusieurs reprises les seuils élevés justifiant le recours à des taux négatifs. La pression à agir demeure également faible du côté monétaire et inflationniste. La tendance inflationniste nationale se situe actuellement à 0,2%, soit de nouveau dans la fourchette de stabilité des prix définie par la Banque nationale, comprise entre 0 et 2% Par ailleurs, le franc reste fort, mais il se montre stable notamment face à l’euro. Les craintes d’une diminution prolongée des prix se sont donc dissipées.
Le cycle de baisse des taux d’intérêt est-il donc terminé?
La BNS a pris de l’avance en abaissant les taux d’intérêt. Le niveau du taux directeur est déjà très bas. La Banque nationale considère que les conditions monétaires sont actuellement appropriées. Elle semble vouloir attendre les effets des tarifs douaniers américains. Notamment parce qu’une détente prochaine du conflit commercial avec les USA n’est pas à exclure. Cependant, si les hausses des tarifs douaniers des Etats-Unis devraient avoir un impact plus négatif que prévu sur les exportations suisses, si les litiges douaniers continuent à s’aggraver et/ou si la demande du franc augmente rapidement, un nouvel assouplissement n’est absolument pas à exclure après cette pause.
Les taux négatifs feront-ils leur retour?
Le président de la Banque nationale, M. Schlegel, n’a pas caché que la direction de la Banque nationale recourrait de nouveau à cet instrument si nécessaire. La phase de taux d’intérêt négatifs avant la pandémie s’était alors accompagnée d’une politique monétaire ultra-accommodante par la BCE. L’écart de taux par rapport à la Suisse s’est donc dissipé, ce qui a exercé une «pression haussière permanente» sur la monnaie suisse. La Banque nationale a dû faire face à cette situation en abaissant une nouvelle fois les taux d’intérêt négatifs. Rétrospectivement, la BCE a constaté les effets globalement négatifs de sa politique de taux d’intérêt négatifs et ne semble pas encline à renouveler l’expérience. Des baisses de taux d’intérêt jusqu’à un niveau proche de zéro semblent de nouveau possibles, même dans la zone euro, en cas de récession plus profonde. Afin de maintenir l’écart de taux d’intérêt et d’éviter un choc de réévaluation du franc, il reste donc possible à l’avenir que des taux d’intérêt négatifs soient à tout instant appliqués en Suisse.
Marché hypothécaire
Que signifie la décision relative aux taux pour les intérêts hypothécaires?
Avec un taux directeur inchangé, le taux d’intérêt au jour le jour SARON, corrélé, ne variera pas non plus, et il en va de même pour les conditions des hypothèques SARON. Comme, sur les marchés des taux, seule une minorité anticipe d’ici un an une baisse du taux directeur à un niveau légèrement inférieur à zéro, les taux des hypothèques à taux fixe, quelle que soit leur échéance, se situent au-dessus du taux SARON. Les hypothèques à taux fixe de courte durée, notamment, n’ont toutefois qu’un niveau légèrement supérieur. Avec la pause des taux, il ne devrait plus subsister de potentiel baissier supplémentaire, même pour les durées plus longues. Par ailleurs, si la BNS fait également preuve de retenue lors de ses prochaines séances, les taux des hypothèques à taux fixe pourraient même repartir à la hausse.
Quel impact la décision «zéro» aura-t-elle sur le marché de l’immobilier résidentiel?
Même sans nouvelle baisse du taux directeur, les conditions de financement pour la propriété du logement restent très attractives en raison du faible niveau des taux d’intérêt atteint. Parallèlement aux baisses de taux déjà réalisées, la confiance est revenue chez les acheteurs et on observe une reprise de la demande de logements en propriété. La décision zéro ne devrait rien y changer. La croissance des prix de l’immobilier devrait donc également reprendre de la vitesse.
Quelle contrainte sur taux d’intérêt est indiquée en cas de prolongation ou de nouvelle souscription d’une hypothèque?
Le taux préférentiel des hypothèques à taux fixe par rapport aux financements SARON s’est complètement dissipé avec les précédentes baisses engagées par la BNS. Les hypothèques à taux fixe à plus long terme restent toutefois judicieuses si l’on part du principe que la reprise économique se poursuivra et qu’aucun besoin supplémentaire de baisse des taux d’intérêt par la Banque nationale ou des autres grandes banques centrales ne se fera ressentir. Dans ce cas, une hypothèque à taux fixe sur plusieurs années est indiquée, surtout si l’on préfère adopter une base de calcul fixe. En revanche, des durées plus courtes sont plus avantageuses si l’on s’attend à une faiblesse économique persistante ou plus prononcée, accompagnée d’éventuelles nouvelles baisses des taux d’intérêt. Dans notre scénario de base, nous prévoyons toutefois que les coûts de financement ne divergeront pas trop d’une durée à l’autre.
«La BNS maintient le taux zéro. La nécessité d’agir n’est pas assez grande pour instaurer des taux négatifs.»
Fredy Hasenmaile
Chef économiste de Raiffeisen Suisse