8 conseils pour réussir la transmission de votre entreprise

«Le moment venu, je réfléchirai à ma succession.» En Suisse, pays présentant une forte densité de PME, de telles réflexions ne sont pas rares. Lors d’une transmission d’entreprise, le processus en amont est cependant autrement plus important que le jour J. Il vaut donc la peine de considérer, assez tôt, huit règles importantes.

Règle n° 1: Préparer «la mariée»

À l’instar d’un déménagement, une transmission est l’occasion de se débarrasser du superflu. Le jour J, l’entreprise doit se trouver dans sa meilleure forme pour être vendue, elle doit être performante et légère. Performante, parce que son organisation a été dépoussiérée en interne; légère, parce qu’elle a été débarrassée de tout ce qui n’est pas nécessaire à son exploitation: immobilier non nécessaire à l’exploitation, participations et coopérations à d’autres entreprises, membres de la famille non actifs mais figurant sur la liste salariale. En général, l’acheteur ne recherche pas un pot-pourri, mais une entreprise clairement axée sur une compétence clé. Il convient finalement de s’intéresser assez tôt à la trésorerie. Nombre d’entreprises ont trop de liquidités. Le futur acheteur ne veut pas acheter de l’argent. Tous les aspects susmentionnés ont des répercussions fiscales et en se laissant cinq ans de préparation, ces problématiques peuvent être traitées de façon ciblée.
 

Règle n° 2: planifier sa prévoyance
L’AVS, la caisse de pension et la fortune disponible doivent permettre de conserver son niveau de vie durant la retraite. Est-ce que la vente de l’entreprise permet à son ancien patron de garantir son niveau de vie à long terme? Cette question peut sembler absurde, rares sont toutefois les entrepreneurs qui se penchent à l’avance sur une analyse de prévoyance indépendante. Or une planification insuffisante peut engendrer de mauvaises surprises avant la vente et l’argent risque de manquer pour la retraite. Il s’agit d’analyser la prévoyance, de combler d’éventuelles lacunes de couverture assez tôt et de verser des liquidités excédentaires de l’entreprise dans la caisse de pension en bénéficiant d’avantages fiscaux.
 

Règle n° 3: rester moderne
L’entrepreneuriat est en constante transformation et cela joue un rôle central lors d’une transmission. Certains patrons et patronnes d’entreprise se montrent, déjà des années avant la date de transmission effective, réticents envers les investissements. Cela réduit non seulement la valeur de vente, mais aussi (et c’est presque plus important) le nombre de repreneurs potentiels. Dans un horizon de cinq ans, la réalité de certaines branches sera complètement différente. Il s’agit de s’y préparer dès aujourd’hui. Les futurs repreneurs désirent acquérir une entreprise moderne, un parc de machines récent et adéquat ainsi que du personnel formé. La formation continue du personnel est un thème constant et la digitalisation au sein de l’entreprise est un devoir absolu et non un mal nécessaire. Les projets d’innovation réussis jouent un rôle clé dans le potentiel d’une entreprise à être vendue. Finalement, la valeur et la notoriété de la marque doivent également être analysées de près.
 

Règle n° 4: trouver un successeur
Tôt ou tard, on fait face à la question épineuse: qui dirigera l’entreprise à l’avenir? Les collaborateurs, d’anciens apprentis, des membres de la famille ou faut-il vendre l’entreprise à un tiers? Chaque type de transmission a ses propres règles. Une chose est toutefois certaine: pas de transmission sans émotions. Il convient de s’atteler suffisamment tôt à cette question centrale et d’y faire participer toutes les personnes intéressées et impliquées le plus tôt possible. Lors d’un rachat de l’entreprise par les cadres (Management Buyout – MBO), il s’agit de lier tôt les potentiels repreneurs à l’entreprise, que ce soit par le biais d’une intégration à la direction, d’une vue sur les chiffres ou d’un modèle de remise d’actions attrayant. La décision relative à la transmission concorde avec le début de la formation continue au sein de l’entreprise. Pourquoi? Parce que de bons spécialistes sont rarement des dirigeants formés et chevronnés.
 

Règle n° 5: des comptes transparents
On peut, en général, se réjouir qu’une entreprise paye des impôts sur le bénéfice, cela signifie qu’elle est bien gérée et tournée vers l’avenir. La plupart des entrepreneurs ont toutefois tendance à optimiser les comptes annuels conformément à la marge de manœuvre fiscale. Au plus tard cinq ans avant la transmission, il faudrait mettre fin à cette pratique et passer à des comptes annuels transparents. La raison en est simple: l’estimation d’une entreprise se base en première ligne sur un niveau de rentabilité sain. Valider des réserves cachées est toujours une affaire d’interprétation et provoque des discussions inutiles.
 

Règle n° 6: modèles de financement
Le financement d’une transmission d’entreprise est un défi pour le repreneur, car il est rare que ce dernier puisse financer l’achat avec des fonds propres. Cet état de fait nécessite une planification précoce et un examen minutieux des possibilités.

  • Crédit bancaire classique: il dépend du prix équitable pouvant être exigé et de la compétence du successeur. La banque finance en règle générale 50% à 60% du prix d’achat. On estime que le remboursement du crédit devrait pouvoir se faire sur une période de quatre à sept ans grâce au cash-flow disponible.
  • Les fonds propres et le crédit bancaire ne suffisent pas toujours. Un vendeur peut alors faciliter le financement par le biais d’un prêt de vendeur: dans ce cas, l’acheteur verse habituellement une part conséquente du prix d’achat immédiatement. Pour le montant restant, la partie venderesse lui accorde un prêt dont les conditions sont stipulées dans un contrat et qui est accordé en combinaison avec un financement bancaire inférieur.

Règle n° 7: faire appel à des spécialistes
Pour la plupart des entreprises, un processus de vente est un domaine inconnu: il est recommandé d’être suivi par une personne externe qui mènera ce processus de façon ciblée et indépendante. Certains risques sont en outre liés à une préparation et à une mise en œuvre manquant de professionnalisme. Sur le plan émotionnel, la situation peut se dégrader, pouvant aboutir à une dispute au sein de la famille. Au niveau technique, il se pourrait qu’un membre de la famille reprenne l’entreprise contre son gré ou alors qu’il n’en a pas les capacités. Des valeurs et façons de vivre différentes constituent des obstacles potentiels à un règlement de transmission sans encombre. Il faut réfléchir suffisamment tôt aux étapes psychologiques clés. Dans la quasi-totalité des cas où le passage de témoin a échoué, le déroulement du processus n’était pas fixé. Un spécialiste externe et neutre constitue un soutien précieux.

 

Règle n° 8: analyser la structure juridique de l’entreprise
Lors d’une transmission d’entreprise, le droit des sociétés joue naturellement un rôle essentiel. La plupart du temps, la vente ou la transmission d’une société de personnes ou d’une société en nom collectif a des conséquences fiscales, car des réserves cachées doivent être libérées. La recommandation reste identique: la planification précoce d’une éventuelle modification de la structure juridique est capitale. Lors d’une mutation d’une entreprise en nom propre à une personne morale, il faut attendre cinq ans pour que la vente soit exonérée d’impôts. Le même délai est requis lors du détachement d’un secteur d’activité d’une personne morale vers une nouvelle société de capitaux (p. ex. une société exploitante ou immobilière).

Ces huit règles illustrent l’importance d’une planification précoce de la transmission. L’entreprise est «le fruit d’une vie de travail» et synonyme de tant d’efforts qu’il est essentiel que cette dernière étape soit effectuée, elle aussi, dans les règles de l’art et qu’elle soit rentable.

La question brûlante de la transmission

75 000 entreprises suisses passeront entre de nouvelles mains au cours des cinq ans à venir. Environ 40% d’entre elles seront transmises au sein de la famille, pour 20%, la transmission se fera au sein de l’entreprise et dans 40% des cas, l’entreprise sera vendue à un tiers. Quel que soit le type de transmission, il est capital de débuter le processus suffisamment tôt.

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