Les produits pharmaceutiques sont au coeur des exportations suisses
Les traitements pour la perte de poids comme Zepbound, Ozempic et Wegovy connaissent actuellement un boom et génèrent des milliards de bénéfices pour leurs fabricants Eli Lilly et Novo Nordisk. En Suisse, une dose mensuelle d’Ozempic, qui contient quatre seringues, coûte environ 90 francs. Pourtant, la Suisse n’est pas un îlot de cherté. Cette distinction douteuse revient aux Etats-Unis; en effet, le prix catalogue pour un produit identique y est de 997 dollars américains. Ces énormes différences de prix existent depuis des années et concernent presque tous les produits pharmaceutiques. Il n’est donc pas étonnant que le prix élevé des médicaments aux Etats-Unis soit toujours un obstacle. Dans ce contexte, la dernière initiative de Donald Trump n’est pas non plus étonnante. Par décret, le président américain veut obliger les sociétés pharmaceutiques à baisser massivement leurs prix aux Etats-Unis. Concrètement, il envisage d’introduire une clause dite de la nation la plus favorisée.
Cela signifie qu’à l’avenir, le prix d’un médicament aux Etats-Unis ne pourra pas être plus élevé que le prix le plus bas d’un pays industrialisé. Si, dans l’exemple d’Ozempic, il s’agissait de la Suisse, Novo Nordisk devrait donc baisser le prix aux Etats-Unis de 997 à environ 110 dollars américains sur la base des taux de change actuels. Il n’est donc pas étonnant que les groupes pharmaceutiques aient tiré la sonnette d’alarme. En effet, le marché pharmaceutique américain n’est pas seulement le plus important, il est aussi le plus rentable.
Mais il est probable que des résistances se lèvent. En effet, une adaptation aussi radicale nécessite une modification de la loi et donc l’approbation du Congrès. Et là, le puissant lobby pharmaceutique devrait avoir son mot à dire. La chaîne de raisonnement est claire: si les prix des médicaments baissent fortement, les bénéfices des groupes pharmaceutiques diminuent et il reste moins d’argent pour la recherche. Pour certaines indications médicales, il ne serait tout simplement plus possible de développer de nouveaux médicaments. Peu de députés voudront en assumer la responsabilité. Roche, par exemple, a déjà annoncé qu’en cas d’introduction de la clause de la nation la plus favorisée, les plans d’investissement annoncés aux Etats-Unis seraient revus à la baisse.
Mais il est clair que les groupes pharmaceutiques sont dans le collimateur de Donald Trump et de son ministre de la Santé Robert F. Kennedy. Il faut également s’attendre à tout moment à un décret correspondant pour les droits de douane sectoriels sur les importations de produits pharmaceutiques, dont la perspective a déjà été évoquée à plusieurs reprises. Cette situation confuse est explosive tant pour la Suisse que pour le marché des actions suisse. En effet, le secteur pharmaceutique n’est pas seulement l’un des principaux piliers de l’économie suisse et un employeur important, il est également bien représenté dans les indices suisses avec Novartis et Roche. Sur les 377,8 milliards de francs d’exportations totales de la Suisse en 2023, 135,5 milliards, soit 35,9%, sont imputables aux produits chimiques et pharmaceutiques.
Part des différentes catégories de produits dans le total des exportations en 2023