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10.01.2023

Robuste, l’économie suisse est bien parée pour faire face à un environnement difficile

  • Les économistes de Raiffeisen prévoient une croissance du PIB de 1,0% pour 2023.
  • L’inflation devrait afficher une moyenne annuelle de 2,3%, soit un niveau inférieur à celui de 2022.
  • Les taux d’intérêt suisses sont proches de leur pic, mais celui-ci n’est pas encore tout à fait atteint.

Saint-Gall, le 10 janvier 2023. L’économie suisse n’échappera pas au ralentissement conjoncturel mondial et le taux de croissance de son PIB devrait être inférieur à la moyenne, s’établissant à 1,0% pour 2023. En parallèle, les exportations s’essoufflent car pour la plupart des partenaires commerciaux, l’inflation élevée entraîne de douloureuses pertes de pouvoir d’achat des ménages et ralentit la conjoncture. Le risque que l’inflation se maintienne à un niveau élevé n’étant pas encore écarté, de nombreuses banques centrales devront continuer à durcir leur politique monétaire. Dans ce contexte, le risque de récession s’est nettement accru, notamment en Europe, qui est frappée de plein fouet par le choc des prix de l’énergie déclenché par la guerre en Ukraine.

«Etant donné que l’inflation reste modérée en Suisse, le pouvoir d’achat des ménages est moins grevé qu’à l’étranger. Toutes sortes de facteurs maintiennent l’inflation à un niveau moindre que dans les pays voisins, en premier lieu la monnaie forte, qui nous aide à amortir le coût élevé des importations», explique Martin Neff. Même s’il table sur une inflation toujours élevée de 2,3% en 2023, ce taux est néanmoins inférieur à celui de l’année précédente et il reste très modeste en comparaison internationale. Le franc devrait continuer à s’apprécier cette année et contribuer ainsi considérablement à limiter la pression sur les prix. Martin Neff en est convaincu : «La Banque nationale suisse ne devrait donc plus augmenter les taux d'intérêt que de manière marginale».  Il est vrai que la forte hausse des prix de l’énergie n’est pas indolore pour les entreprises suisses, comme le révèlent des sondages de Raiffeisen menées auprès de PME industrielles. Néanmoins, l’économie suisse étant moins dépendante du pétrole et du gaz et consommant généralement moins d’énergie, ce fardeau est moins lourd à porter qu’à l’étranger.

 

La consommation privée poursuit sa croissance

Si, d’après des sondages, les consommateurs suisses se disent pessimistes quant à la nouvelle année, leur situation financière reste cependant majoritairement stable selon les estimations des économistes de Raiffeisen – abstraction faite de l’inflation. Des salaires plus élevés permettront de limiter fortement les éventuelles baisses de salaire réel à venir. Par ailleurs, les perspectives pour le marché de l’emploi ne se sont guère détériorées. Bien que le contexte économique et géopolitique difficile nuise à une planification sécurisée, de nombreuses entreprises prévoient encore d’embaucher – notamment dans le secteur des services. Enfin, la croissance démographique et une immigration toujours importante soutiennent également la consommation privée. «En conclusion, la consommation devrait rester un pilier solide pour la croissance en 2023, évitant ainsi que la Suisse ne bascule dans une récession», résume Martin Neff.

 

Aucune nouvelle hausse des taux attendue en Suisse

Bien qu’il soit prévu que l’évolution des prix reste modérée, la Banque nationale suisse a déjà commencé très tôt à normaliser sa politique monétaire à titre préventif, en autorisant une certaine appréciation du franc depuis 2021. En cas de ralentissement indésirable, la BNS peut de nouveau procéder à des achats de devises à tout moment afin de lutter contre l’inflation. En combinaison avec les relèvements des taux décidés jusqu’à présent, l’objectif d’inflation à moyen terme semble déjà à portée de main. Une situation qui s’explique notamment par une hausse modérée des salaires, qui ne devrait pas provoquer d’effets de second tour. C’est pourquoi, contrairement à l’évolution pour la zone euro, les économistes de Raiffeisen s’attendent à une hausse mineure (voire aucune) des taux directeurs en Suisse. Par conséquent, la hausse des taux du marché des capitaux devrait elle aussi rester modérée au niveau national.

Mais dans l’ensemble, les entreprises suisses ne retrouvent que lentement une sécurité de la planification cette année. «Petit à petit, la baisse de la demande mondiale en biens de consommation atténue certes le problème des chaînes d’approvisionnement et la pénurie de produits primaires, mais de nouvelles difficultés d’approvisionnement pourraient se faire jour suivant les modalités de l’abandon de la politique «zéro Covid» chinoise. Mais surtout, la crise de l’énergie est encore loin d’avoir dit son dernier mot», souligne Martin Neff. Des hausses de prix similaires à celles de 2022 peuvent en effet rapidement causer de gros problèmes, voire des faillites, même dans les secteurs avec des coûts de l’énergie généralement bas. S’il est peu probable que les prix de l’énergie s’envolent à nouveau, leur niveau et leurs fluctuations resteront cependant élevés en 2023. Globalement, l’économie suisse a toujours autant de chances de rester robuste et de croître légèrement en 2023. Néanmoins, l’incertitude des prévisions est toujours aussi importante.